Reporters sans frontières dénonce les actes d’intimidation qui ont poussé une bloggueuse copte à l’autocensure

Hala Helmy Botros, qui écrit sous le nom de plume d’Hala El-Masry, est victime, depuis plusieurs mois, de harcèlements et d’actes d’intimidation de la part des autorités de Quena (près de Louxor, au centre du pays). Cette femme de 42 ans dénonçait, sur son blog Aqbat Bela Hodood (Coptes sans frontières) ainsi que sur plusieurs sites Internet, les persécutions à l’encontre de la minorité copte en Égypte. Harcelée par les autorités, elle a décidé d’arrêter d’écrire sur Internet et de fermer son blog. Elle fait aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire et est interdite de sortie du territoire.

"Nous sommes indignés par les pratiques qu’utilisent les autorités égyptiennes pour intimider et faire taire Hala Helmy Botros. Alors que les relations entre chrétiens et musulmans sont un sujet tabou dans les médias traditionnels, cette bloggueuse ne faisait que rendre compte, grâce à Internet, du sort de la minorité copte en Égypte", a déclaré Reporters sans frontières. "Il est inacceptable que ses libertés d’expression et de mouvement soient restreintes de la sorte. Nous exigeons des autorités qu’elles s’assurent que les droits fondamentaux d’Hala Helmy Botros lui soient garantis", a ajouté l’organisation.

À travers des articles, des interviews et des reportages vidéo mis en ligne, cette bloggueuse avait notamment dénoncé la complicité de responsables politiques et de la police égyptienne dans les attaques perpétrées, le 19 janvier 2006, contre des Coptes au moment où ils tentaient de rénover leur église dans le village d’Edyssat (près de Louxor). Des maisons avaient été brûlées et l’église en question détruite lors de ces violences au cours desquels deux membres de cette communauté copte orthodoxe avaient été tués et plusieurs autres blessés.

Ces publications en ligne ont visiblement gêné les autorités puisque sa ligne téléphonique a été coupée peu de temps après, la privant ainsi de sa connexion Internet. Afin de continuer à accéder au Web, Hala Helmy Botros se rendait chez son père. Au même moment, les autorités mettaient en place un dispositif de surveillance autour d’elle. Un soir, le père de la bloggueuse a été passé à tabac par deux inconnus qui lui ont déclaré que "ceci est un cadeau de ta fille". Au commissariat, les agents de police ont tenté de le faire accuser sa fille pour cette agression en lui faisant signer une feuille vierge sur laquelle a été rajoutée, par la suite, une déclaration allant dans ce sens. Après cet incident, Hala Helmy Botros avait tenté de poursuivre en justice Mahmoud Sabri, le policier qui a monté ces fausses accusations, mais le dossier a été classé sans suite.

Le 15 juin, alors qu’elle tentait de se rendre à une conférence sur les Coptes à Newark, dans le New Jersey (Etats-Unis), les autorités l’ont fait descendre de l’avion car elle avait été interdite de sortie du territoire. Interrogée pendant plusieurs heures à l’aéroport, elle a été sommée de se présenter, le 25 juin, devant la Cour de sûreté de l’Etat au Caire. Le 22 juin, des agents des services de sécurité ont investi son domicile en pleine nuit, vraisemblablement pour procéder à son arrestation. Mais à ce moment-là, la bloggueuse était en déplacement au Caire, et c’est son mari qui a dû accompagner les services de sécurité pour aller signer une attestation garantissant la présence de la bloggueuse devant la Cour trois jours plus tard.

Le 25 juin, Hala Helmy Botros s’est rendue à la Cour de sûreté de l’Etat, accompagné de ses avocats, Mamdouh Ramzy et Naguib Gobraeil. Interrogée à propos de ses articles sur Internet, elle a été accusée d’avoir "répandu de fausses informations" et "bouleversé l’harmonie sociale entre communautés musulmane et chrétienne". Relâchée le jour même après s’être acquittée d’une caution de 3 000 livres égyptiennes (400 euros), elle a été de nouveau interrogée le lendemain.

Craignant pour sa sécurité et celle de sa famille, Hala Helmy Botros a décidé de fermer son blog. Elle est surveillée par des hommes en civil, son téléphone est mis sous écoute et ses courriers électroniques sont surveillés.

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